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A propos du Décès d'André Lenief

Beaucoup de choses ont été dites au cours de ses obsèques, sur sa vie, son œuvre et toutes ses réalisations dont profitent aujourd’hui le Village et ses habitants . Au cours de sa vie personnelle, publique, municipale et associative, il a, en effet, été un moteur puissant pour l’avancée des choses et des idées.

Je voudrais juste revenir sur un aspect plus subtil et plus profond qui a certainement sous-tendu toutes ses activités à partir des années 80.

Nous sommes arrivés au village en 1976. C’était encore la période de pleine activité pour les fermes Lenief, Imbert, Zanconnato, Rigazzio, Rousselet, Pothier et peut-être d’autres que j’ai oubliées.  Le monde semblait figé autour d’un mode de vie rural qui, certes, s’était mécanisé mais restait encore ancré dans la vie du début du siècle.

Nous étions étonnés de voir ce mode de vie ancestral se développer autour de nous avec ses rites, son confort de vie élémentaire et ses personnages dont certains semblaient tout juste sortis  de « La Terre » d’Emile Zola. Pourtant, la radio et surtout la télévision montraient à tous l’évolution du monde  extérieur. Curieusement, chacun semblait regarder cela comme une sorte de spectacle de marionnettes et non pas la réalité extérieure se développant sur l’écran, devant leurs yeux. Tout semblait immuable autour d’eux  et  ce monde d’images irréel semblait sans relation avec leur réalité de chaque jour.

Et pourtant leur monde basculait. 

Ce sont les jeunes qui ont compris les choses le plus rapidement, certains sont partis et ont évolué ailleurs, d’autres moins armés ou plus fragiles ont choisi une fuite plus dramatique.

André Lenief, que rien ne prédisposait à conduire un tel changement, a  compris avant tous les autres que les lignes bougeaient  et que, pour le village, il fallait s’adapter ou mourir.  

Les fermes anciennes disparaissaient au profit de regroupement de terres exploitées par des GAEC et autres GFA. Les cultivateurs prenaient leur retraite. Dans le meilleur des cas,  leurs enfants travaillaient à l’extérieur et se construisaient une nouvelle vie où le village n’aurait plus qu’une place historique et sentimentale.

En 1976, nous sommes arrivés au moment où le Maire qu’il était allait se mettre  à transformer son village pour lui faire prendre le virage de la modernité. Nous avons vécu, avec quelques autres « pionniers », toutes les phases de cette transition. Assainissement, tout à l’égout, enfouissement des câbles, accroissement de puissance EDF et télécoms ont été les grands chantiers de ce changement qui, peu à peu, a fait venir à Stigny une nouvelle population.

Cela n’a pas été facile car, même Maire, il lui a fallu convaincre son conseil de cette impérieuse nécessité. Parfois il a certainement du passer  en force mais il n’en manquait pas.

Grâce à cette œuvre visionnaire Stigny accueille maintenant non seulement les citadins en quête de campagne confortable mais aussi les Européens et même le monde entier grâce à Internet.

André Lenief a-t-il été conscient de toute la portée de ce qu’il a entrepris pour le village ?  Personnellement je le crois. Sa pugnacité pour faire accepter ces nouveautés, dont la plupart des anciens ne voyaient pas l’utilité, montre combien il était convaincu de leur valeur d’avenir.

Paysan Bourguignon, il devait sans doute lutter contre ses propres réticences à accueillir ces gens venus d’ailleurs mais il avait compris que c’était la seule planche de salut pour éviter que  Stigny ne meure doucement mais sûrement.

 

Aujourd’hui, il nous a quittés mais il a gagné son pari.

 

Salut à l’artiste !       

 

Jean-Pierre Nicod 28 août 2010

 

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